Enjeux sociétaux et objectifs scientifiques du projet

Le but du projet COMPER (pour COMPétences et PERsonnalisation) est de concevoir et mettre à l’épreuve des modèles et outils informatiques ouverts qui permettront aux acteurs du monde éducatif de mettre en œuvre une approche par compétences pour accompagner l’apprentissage de manière personnalisée.

Depuis plusieurs années, les politiques éducatives visent à développer l’Approche Par Compétences (APC) dans la formation initiale et professionnelle. Cette stratégie a pour objectif de faciliter le développement chez les apprenants d’une meilleure capacité d’agir et, à plus long terme, d’une meilleure autonomie. Elle s’est matérialisée par exemple en France par la conception d’outils de spécification et de suivi des compétences pour différents niveaux de formation : le “socle commun de connaissances et de compétences” et le “livret personnel de compétences” pour les écoles et collèges, ou le “portefeuille d'expériences et de compétences” pour l’enseignement supérieur. Ce type d’outil est utile au cours de la formation, mais également tout au long de la vie professionnelle d’un individu. En effet, ce type de démarche est mise en œuvre dans l’industrie par les services Ressources Humaines et Knowledge Management avec des applications de GPEC (Gestion Prévisionnelle des Emplois et Compétences) pour spécifier les objectifs d’une organisation en termes de compétences et superviser les profils des collaborateurs sous la forme d’indicateurs. Ces applications sont utilisées pour organiser les stratégies de formation. Dans le contexte éducatif, l’APC a modifié les formes pédagogiques, introduisant plus de discussions et de résolutions de problèmes, et favorisant ainsi un apprentissage plus actif, mais les stratégies de formation restent disparates et décorrélées des référentiels. Dans le cadre du projet COMPER, l’objectif est de penser conjointement la spécification et la supervision des profils de compétences avec des stratégies de formation adaptées.

En effet, l’objectif du projet est de proposer un méta-modèle permettant de définir des référentiels de compétences dans des domaines variés et à des granularités variées, et de proposer des outils s’appuyant sur ces référentiels pour permettre la personnalisation et la régulation de l’apprentissage. Le soutien personnalisé à l’activité nécessite

  1. de définir des modèles de personnalisation qui lient les profils des apprenants, les activités pédagogiques et la validation des acquis en termes de compétences, en particulier concernant les activités de type exercices, et
  2. de proposer des principes pour l’évaluation des compétences qui combinent analyse de l’activité à partir des traces et avis humains pour produire le profil de compétences de chaque apprenant. Les principes de personnalisation et de visualisation des profils de compétences devront plus globalement être articulés pour concevoir des environnements de type Espaces Personnels d’Apprentissage ou EPA.

Le projet COMPER intègre trois niveaux de complexité : les EPA à base de compétences doivent être utiles, c’est-à-dire garantir un bénéfice, en particulier en termes de sentiment d'efficacité concernant la construction de compétences, pour l’ensemble des acteurs engagés dans le processus d’apprentissage. Ils doivent de plus être utilisables et acceptables, c’est-à-dire proposer des modalités d’interaction intuitives et adaptées aux pratiques et valeurs des contextes humains et technologiques dans lesquels ils sont mis en œuvre. Dans le cadre du projet, nous faisons l’hypothèse qu’il est possible d’intégrer ces trois niveaux de complexité en considérant que les processus de régulation et d’autorégulation de l’activité sont en partie dépendants de l’évolution des compétences et en adoptant une démarche de conception centrée utilisateur. Tout l’enjeu du projet est donc de définir comment réaliser cette hypothèse, c’est-à-dire comment traduire ces principes dans ces EPA de manière à soutenir le sentiment d'efficacité perçue des individus et ainsi favoriser à la fois leur motivation et leur engagement dans l’activité, mais aussi leur acuité à identifier et spécifier comment construire les compétences visées. 

Ainsi, les contributions du projet visent à apporter des éléments de réponse à trois grandes questions de recherche :

  1. Le fait de disposer d’un référentiel de compétences apportera-t-il une amélioration aux outils de visualisation proposés pour la régulation des objectifs d’apprentissage des apprenants, aux activités d’auto-formation qu’ils pourront utiliser pour atteindre ces objectifs, aux processus informatiques de diagnostic de leurs compétences et à ceux permettant de personnaliser l’apprentissage ?
  2. L’exploitation des traces d'activités de l’apprenant permettra-t-elle d’améliorer l’ensemble du processus d’apprentissage, en apportant une assistance accrue aux différents acteurs ? Quelles formes de soutien est-il possible de construire à partir des traces pour favoriser la compréhension des processus d’apprentissage, et l’amélioration des outils et processus informatiques proposés (visualisation, personnalisation) ?
  3. Quel sera le bénéfice pour les apprenants de ces différents outils, en termes d’apprentissage et de gain d’autonomie ?